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passer un semblant de fraîcheur, si c’est un ragoût de plus pour les séniles concupiscences dont l’éréthisme est ambitionné.

« À Baudelaire agonisant dans l’indigence et quasi-fou, on oppose, par exemple, un Jean Richepin rutilant de gloire et gorgé d’or. Celui-là, d’ailleurs, parfaitement assuré d’être le premier d’entre les fils de la femme, juge sa part insuffisante et vocifère sous sa casquette contre le client détroussé. Le délectable Paul Bourget, préfacier chéri des baronnes, se dresse en sifflotant sur sa petite queue contre l’immense artiste Barbey d’Aurevilly qui se couche, formidable, dans le fond des cieux, et… il l’efface. Flaubert, à son tour, est dépecé et grignoté par l’acarus Maupassant, engendré de ses testicules magnanimes, lequel, devenu poulain, promulgue littérairement le maquerellage et l’étalonnat.

« Nul, parmi les grands, n’est excepté. Le boueur passe dans la rue et réclame les gens de talent. La reine du monde n’en veut plus. Elle a mal au cœur de ces tubéreuses. Il lui faut, à l’heure présente, exclusivement, l’huile de bêtise et le triple extrait de pourrissoir qui lui sont offerts par les tripotantes mains des vendeurs de jus, que sa propre déliquescence est en train de saturer !



« Il serait long, le défilé des médiocres et des abjects que le fromage de notre décadence a spontanément enfantés pour l’inexorable décoration du sens esthétique !