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indéfécable, et d’un enthousiasme qui se déclarait lui-même désormais incombustible !

« La nuit avait eu beau se faire désirable comme une prostituée, et l’entremetteuse municipalité parisienne avait eu beau multiplier ses incitations murales à la joie parfaite, on s’embêtait manifestement. Les pisseux drapeaux des précédentes commémorations flottaient lamentablement sur de rares et fuligineux lampions, dont l’afflictive lueur offensait le masque poncif des Républiques en plâtre que la goujate piété de quelques fidèles avait clairsemées sous des frondaisons postiches. Comme toujours, de nobles arbres avaient été mutilés ou détruits, pour abriter, de leurs expirants feuillages, les soulographies sans conviction ou les sauteries en plein air achalandées par les putanats ambiants. Nulle invention, nulle fantaisie, nulle tentative de nouveauté, nulle infusion d’inédite jocrisserie dans cette imbécile apothéose de la Canaille.

« On avait été trop sublime, la première fois ! Chaque acéphale avait tenu, alors, à se faire une tête pour honorer l’épouvantable salope dont la France moderne fut engendrée. La nation entière s’était ruée au pillage du trésor commun de la stupidité universelle. Mais, à présent, c’est bien fini, tout cela. On continue de célébrer l’anniversaire de la victoire de trois cent mille hommes sur quatre-vingts invalides, parce qu’on a de l’honneur et qu’on est fidèle aux grands souvenirs, et aussi, parce que c’est une occasion de débiter de la litharge et du pissat d’âne. On y tient, surtout, pour affirmer la royauté du Voyou qui peut, au moins ce jour-là, vautrer sa croupe sur les gazons, contaminer la Ville