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frères, et il serait peut-être juste que vous ne leur refusassiez pas les réparations qu’ils sont en droit de vous réclamer, quand vous les traînez dans la boue. C’est trop commode, vraiment, de se retrancher derrière le catholicisme pour échapper à toutes les conséquences de ses actes et de ses paroles !

Marchenoir qui sirotait, en souriant, un verre du plus délicieux de tous les Châteaux et que la claironnante cocasserie de ce marquis des marches de la Pouille intéressait, lui répondit en douceur parfaite :

— Si j’étais réactionnaire, comme vous dites inexactement, mon très doux maître, vous me verriez aussi ardent que vous-même à toutes les passes d’armes et à tous les genres de tournois. C’est, au contraire, parce que je suis le plus dépassant des progressistes, le pionnier de l’extrême avenir, que je contemne ces pratiques surannées. Vous affirmez que je suis violent. Dieu sait pourtant si je me refrène, car je pourrais l’être bien davantage !…

Quant aux belles âmes que mes écritures affligent, qui les empêche de m’affliger, à leur tour, de la même sorte ? Je serais le plus inique des éreinteurs si je me fâchais d’une riposte, même imbécile. Je taille mes projectiles avec le plus d’art que je puis et je me ruine à choisir, pour cet usage, les plus dispendieuses matières. L’un de mes rêves est d’être un joaillier de malédictions. Mais je n’exige pas que mes plastrons soient eux-mêmes des lapidaires et qu’ils se mettent en boutique. On fait ce qu’on peut et j’aurais mauvaise grâce à contester le choix d’une arme défensive à n’importe quel chena-