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une gemme documentaire d’un inestimable prix. On s’en contentera pour nous juger tous, hélas ! Mais, qu’importe cet avenir à l’heureux Bouddha du Collège de France dont le ventre plein de délices est caressé par de tels Eliacins ?

Mérovée Beauclerc est à peine un peu moins léché que cette idole. Immédiatement au-dessous d’elle, il est le plus démesuré parmi nos pontifes. Ce serait le méconnaître, néanmoins, de s’informer d’une œuvre quelconque sortie de lui. Beauclerc n’est ni poète, ni romancier, ni même critique. Il n’est pas davantage historien ou philosophe, et n’a jamais fait un livre ou quoi que ce fût qui y ressemblât. Il est le Pion, sans épithète, le Pion du Siècle, le moniteur et le répétiteur de la conquérante médiocrité.

Quelques-uns l’ont inexactement dénommé « le Bon Sens fait homme », ce qui impliquerait une altitude de raison, outrageante pour ses contemporains et démentie par l’universelle popularité dont il pâture, depuis vingt ans, le trèfle magique, aux plus bas endroits de toutes les plaines. C’est le Sens Commun qu’il faut dire, si l’on tient à supposer une incarnation.

À la réserve d’Albert Wolff, — qui manquait inexplicablement à ce patibulaire congrès, — il est le seul exemple d’un homme ayant réussi à confisquer une influence à peu près illimitée, sans avoir jamais rien fait qui pût servir de prétexte à l’usurpation de son trépied. Les oracles subalternes, mentionnés plus haut, sont beaucoup moins étonnants. D’abord, leur crédit est moindre et presque nul, en comparaison du sien. Puis, ils ont l’air d’avoir tiré quelque chose de leurs intestins. Les Dulaurier, les Sylvain, les