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nul ne s’est jamais avisé de mettre en doute sa sincérité parfaite, alors même que sa polémique semblait excessive. — P. B. »

Properce glissa ce boniment sous enveloppe avec l’article et sonna. Un groom, d’une candeur hypothétique, apparut.

— Portez cela à l’imprimerie, sans perdre une minute, dit-il à ce serviteur. Vous direz, de ma part, qu’on donne à composer tout de suite.

Se levant, alors, et s’adressant à Marchenoir surpris et déjà comblé :

— Êtes-vous content de moi, homme terrible ? Vous voyez si je suis docile et rapide. Je vous prie de m’accorder, en retour, une vraie faveur. Demain soir, je réunis à ma table quelques confrères. Soyez des nôtres. Je sais bien que ces réunions ne sont pas dans vos goûts de solitaire. Mais je pense qu’il est politique de vous montrer un peu à ces bonnes gens, qui vous détestent pour la plupart et qui vous lécheront le plus civilement du monde, quand ils auront appris que vous rentrez au Basile. Je vous ménage un complet triomphe. Venez sans habit et faites-moi l’honneur, désormais, de compter sur mon amitié, ajouta-t-il, en lui offrant celle de ses deux mains qui avait le plus servi.

Marchenoir, presque touché, promit de revenir le lendemain et s’en alla, doucement rêveur.


LVII


Les illusions de Marchenoir, aussi stupides que spontanées, n’avaient pas ordinairement la vie très