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a prévalu cinq cents ans, contre l’épine dorsale de la plus hautaine aristocratie de tous les globes. Il est vrai que le pupille du bon Deutz est réduit à se satisfaire de la seule aristocratie de son fumier d’origine, mais la morgue putanière d’un certain dandysme ne lui manque pas.

Au point de vue de la bassesse d’âme pure et simple, sans complication psychologique d’aucune sorte, l’originalité de Beauvivier ne paraît pas humainement dépassable. À l’exception de Renan, qui décourage le mépris, et dont l’abjection sphérique apparaît comme un mystère de la Foi, l’auteur de l’Inceste est, probablement, le seul homme de son siècle en humeur de compatir à la destinée de l’Iscariote. — Jésus l’avait peut-être humilié ! — dit-il, et ce n’est point un mot d’auteur. C’est le plus intime de sa substance. Il ne respire que pour tromper, et la trahison est son unique arrière-pensée, sa préoccupation constante. Judas s’est contenté de livrer son Maître, Properce aurait entrepris de le souiller préalablement. Son âme est une condensation de fumée terne et fétide, aussi capable de cacher l’abîme de ténèbres d’où elle est sortie, que d’offusquer les gouffres de lumière vers lesquels elle ne permet pas qu’on s’élance.

Jésus pardonne à la femme adultère. Les sacristains eux-mêmes l’en ont absous. Properce le blâme, objectant que ce pardon est attentatoire à l’autorité du mari, qui avait probablement acheté sa femme et, par conséquent, avait le droit de la punir. Telle est sa conception de la justice. Il est vrai que l’Homme-Dieu, ramassant des pierres pour aider le cocu à lapider cette malheureuse, n’exciterait pas moins son