Page:Bloy - Le Désespéré.djvu/267

Cette page a été validée par deux contributeurs.

placard, annonçant les Amours secrètes de Pie IX, avec accompagnement du portrait du pontife et d’une série de médaillons, représentant les héroïnes, nommément supposées, de ce crapuleux libelle. Le salisseur de murs dont je demanderais pardon d’écrire le nom, le punais idiot Taxil, est un sous-abject qui ne vaut pas, je le sais bien, qu’on parle de lui, ni même qu’on y pense. Mais quand l’ordure est à son comble, quand ce qui devrait rester honteusement au pied des murs grimpe et s’étale sur les façades ; quand le guano, naguère immobile, devient un ennemi violent, casqué, cuirassé, empanaché et embusqué, pour l’agression lithographique de l’innocence, à chaque détour de nos rues, on est bien forcé de demander compte à toute autorité répressive de cette intolérable sédition de l’excrément !

Il est vrai que ce n’est qu’un crachat de plus sur la face ruisselante d’une société soi-disant chrétienne, qui en a déjà tant reçus et tant supportés. Les peuples, aussi bien que les gouvernements, n’ont jamais que les avanies qu’ils méritent, dans l’exacte mesure de leurs lâchetés ou de leurs crimes, et peut-être que c’est trop beau encore, aux yeux d’une rigoureuse justice, de n’être piétinés que par cet avorton.

Ce qui pourrait casser les bras à la colère, — en admettant la métaphore sans génie de ces inefficaces abatis d’airain, toujours invisibles, — c’est l’indifférence de la multitude. On passe devant l’obscène exhibition sans révolte, sans murmure, sans étonnement. Les pères n’en éloignent pas leur progéniture et trouvent tout simple que la face auguste du Père des pères soit ainsi conspuée pour la joie de