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misérables sous. Je me déshonorais sans parvenir à me faire accepter davantage. Je n’espère pas réussir le moins du monde au Basile. En supposant, une minute, que Beauvivier voulût réellement s’employer pour moi, il serait bientôt surmonté par toute la racaille coalisée de la maison. Ce serait l’aventure renouvelée de cette vieille charogne de Magnus, qui voulut me lancer, lui aussi, l’année dernière, pour de sales raisons que j’ignore, et qui, tout à coup, venant à découvrir que j’étais décidément « un homme haineux », m’en informa, sur-le-champ, par une lettre de congé. Je ne veux point réavaler ces couleuvres. Mon premier et, probablement, mon dernier article, donnera la mesure, la forme et la couleur de tous les autres. Ce sera à prendre ou à laisser.

Leverdier sentait très bien que Marchenoir avait raison. Il aurait fallu à ce corsaire une presse indépendante et littéraire qui n’existe plus en France, où la basse tyrannie républicaine est sur le point d’avoir tout asphyxié. Mais il importait de saisir l’occasion, quand même, fût-ce pour une seule fois et pour l’honneur seul de la justice. D’ailleurs, Marchenoir venait de trouver un sujet pour lequel il s’enflammait déjà. L’artiste et le chrétien dont il était la toute-puissante combinaison, simultanément exultèrent.

— Pourquoi, s’écria-t-il, ne profiterais-je pas de ce premier article, vraisemblablement unique, pour exécuter une effroyable charge sur la littérature et la publicité pornographiques, à l’occasion, par exemple, des affichages récents de la librairie anticléricale ? Tu as, sans doute, remarqué le monstrueux