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rais certainement couru moi-même jusqu’à son domicile, si je l’avais cru de retour. Je sais qu’on s’est mal conduit avec lui dans le journal, quand je n’y commandais pas. Je veux réparer cette injustice en donnant à votre ami carte blanche, etc., etc. » Prenons qu’il n’y ait de vrai que le quart de toutes ces merveilles, ce serait encore excellent et, quels que puissent être les dessous, il a fallu, tout de même, un sacré besoin de tes services pour faire sortir un tel boniment de cette gueule prudente !…

— Quelle a été la fin de cet entretien ? demanda Marchenoir.

— La plus nette possible. Marchenoir, lui ai-je dit, est extrêmement fatigué de son voyage et vous sera très obligé de lui faire crédit de quelques jours. M’autorisez-vous, cependant, pour gagner du temps, à lui dire de préparer, dès aujourd’hui, sans se mettre en peine de vous voir auparavant, un article quelconque ? Dans ce cas, il est nécessaire que je puisse l’assurer de l’insertion, car il a cessé, depuis des années, d’être un débutant et il ne veut plus travailler en vain. D’après ce que je viens d’entendre, le préalable concert, entre vous et lui, du choix d’un sujet, me paraît une formalité des plus inutiles. — « Et des plus injurieuses pour un écrivain de talent, ajoutez cela, monsieur. » Telle a été sa réponse immédiate. « Que l’auteur des Impuissants m’envoie ou m’apporte ce qu’il aura jugé convenable d’écrire. Je donnerai tout de suite son article à la composition et, pour le reste, qu’il veuille bien le croire, nous nous entendrons toujours. Tout ce que je lui demande, c’est de tirer hors du rang et de ne pas mitrailler nos propres troupes. »