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tensoir de la Foi fût archi-sublime et fulgurât comme un soleil…

Veut-on savoir comme il fulgure ? Voici.


XLVI


On s’aperçut un jour, il y a trois cents ans, que la Croix sanglante avait trop longtemps obombré la terre. Le déballage de luxure qu’on a voulu nommer la Renaissance venait de s’inaugurer, quelques pions germaniques ou cisalpins ayant divulgué qu’il ne fallait plus souffrir. Les mille ans d’extase résignée du Moyen Âge reculèrent devant la croupe de Galathée.

Le xvie siècle fut un équinoxe historique, où l’Idéal bafoué par les giboulées du sensualisme s’abattit enfin, racines en l’air. Le spirituel christianisme, sabordé dans ses méninges, saigné au tronc des carotides, vidé de sa plus intime substance, ne mourut pas, hélas ! Il devint idiot et déliquescent dans sa gloire percée.

Ce fut une convulsion terrible pendant cent ans, accompagnée d’un infiniment inutile et lamentable rappel des âmes. Notre circulante sphère parut rouler au travers des autres planètes comme un arrosoir de sang. Mais le martyre même ayant perdu sa vertu, la vieille bourbe originelle fut réintégrée triomphalement, toutes les portes des étables furent arrachées de leurs gonds et l’universelle porcherie moderne commença son bréneux exode.