Page:Bloy - La femme pauvre.djvu/90

Cette page a été validée par deux contributeurs.

registre municipal, par la volonté formelle de mon père. Je signe Caïn quand je fais la guerre aux fratricides et je garde Marie-Joseph pour parler à Dieu… M’expliquerez-vous, mon cher Gacougnol, cette randonnée au Jardin des Plantes ?

— Je suis venu pour les lions, dit à son tour l’interpellé. J’ai quelques croquis à prendre et précisément nous cherchons leur tanière.

— S’il en est ainsi, vous ne m’aurez pas rencontré inutilement, car vous ne me paraissez pas très au fait et vous auriez certainement perdu la demi-heure de jour qui vous reste. En ce moment, les animaux féroces ne sont pas visibles pour la multitude. Mais je vais vous introduire dans leur maison. C’est un peu chez moi, vous savez.

Quelques minutes après, Marchenoir, ayant frappé trois coups maçonniques à la porte du « palais », entrait avec ses deux compagnons dans la galerie intérieure où les fauves achevaient leur repas du soir.

— Voici les lions, dit-il à Gacougnol, croquez-les à votre aise. Le belluaire en costume de garçon de bureau que vous voyez là fera semblant de vous oublier une demi-heure. Je viens d’arranger cela. Il compte bien entendu, que vous ne l’oublierez pas vous-même en sortant. Je vais causer un peu avec Mademoiselle.

S’éloignant alors de Pélopidas, qui avait déjà tiré son carnet, il emmena Clotilde à quelque distance et la mit en face d’un tigre superbe envoyé tout récemment par le gouverneur de Cochinchine.