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« Seul d’entre tous les hommes, il se souvenait de la fournaise de magnificences d’où leur espèce fut exilée, pour que commençassent les Douleurs et que commençassent les Temps.

« Ne fallait-il pas qu’il se trouvât quelque part, ce brasier de Béatitude que le Déluge ne put éteindre, puisque le Chérubin était toujours là pour débrider la cavalerie des Torrents ?

« Il suffisait assurément de bien chercher, car le temps n’a pas la permission de détruire ce qui ne lui appartient pas.

« Et le Pèlerin cheminait dans les extases, en songeant que ce Jardin avait été le domaine de ceux qui ne devaient pas mourir, et que les Neuf cent trente ans du Père des pères n’ayant pu raisonnablement commencer qu’à l’instant même où il devenait un mortel, la durée de son séjour dans le Paradis était absolument inexprimable en chiffres humains, — osât-on supposer des millions d’années de ravissement, selon les manières de compter qui sont en usage parmi les enfants des morts !… »


Ici, ma mémoire se brouille, du moins pour ce qui est des mots et des images. Mais j’ai retenu le plan.

Ce Pèlerin cherche ainsi toute sa vie, continuellement déçu et continuellement ravi d’espoir, brûlant de foi et brûlant d’amour.

Sa Foi est si grande que les montagnes se dérangent