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d’illuminer. On peut même dire que le vacarme s’atténua. Mais aussitôt après son départ, la Poulot, effroyablement soûle, se mit chanter…

À l’exception de Joly, qui avait assisté à la cérémonie, et dont les protestations véhémentes furent accueillies par des ricanements et des sifflets, nul ne s’avisa d’élever le plus léger blâme, ne parut remarquer l’énormité sacrilège de l’attentat. Mademoiselle Planude courut prestement s’enfiler les premières messes, non sans avoir pris, en passant, des nouvelles préalables de la santé de « cette bonne madame Poulot » qui lui rota ses civilités, et le soleil tranquille de la banlieue se leva, une fois de plus, sur d’heureuses tripes qui ne demandaient qu’à s’emplir.

La convalescence fut longue, précédée et interrompue par de fréquents accès de délire. Clotilde, qui avait été aussi près que possible de la mort et que la vertu curative — si parfaitement oubliée ! — du sacrement avait sauvée, raconta qu’elle avait vu passer devant elle, sous des images sensibles et du caractère le plus effrayant la malice étrange de ses bourreaux qu’elle représenta — sans s’expliquer davantage, — comme des êtres infiniment malheureux…

Elle évita d’en parler avec amertume et cessa complètement de souffrir de leurs outrages, qui diminuèrent, d’ailleurs, en même temps que leur pouvoir de torturer la victime, dont la guérison surnaturelle partit avoir décontenancé les tueuses.

Ce fut à ce moment que Léopold, devenu semblable à un spectre, lui raconta ce qu’il avait osé faire.