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XVII



Sur le conseil de la vieille, on courut aux informations. Une enquête méticuleuse révéla tout le passé des Léopold, c’est-à dire la légende cristallisée depuis longtemps.

Quelle trouvaille que ce procès criminel qui paraissait les avoir jetés aux bras l’un de l’autre, les faisant presque ressembler à des complices ! Les entrailles de portières féroces où s’élaborait la conspiration tressaillirent en leurs plus vaseuses profondeurs.

L’huissier se procura les comptes rendus, les appréciations des journaux. On interrogea des concierges, des marchands de vins, des épiciers, des fruitiers, des charbonniers, des cordonniers. On eut des colloques avec le dernier propriétaire, l’homme aux pantalons, que Léopold avait plusieurs fois traité de manière peu respectueuse et qui délivra un certificat de parfait opprobre à ses anciens locataires.

Enfin on sut la ruine de l’enlumineur, on eut même des opinions de pâturage sur son art, où il n’avait pas eu « le talent de s’enrichir » et, sans pouvoir, hélas ! pénétrer ses moyens actuels d’existence, on les devina précaires, en même temps qu’on les présuma suspects.

C’était là une belle moisson et il n’en fallait pas tant pour assassiner. Mais ce qui combla d’aise la Poulot, ce qui la fit revenir, un soir, avec le sourire d’une bienheureuse