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malins, et qu’au fond les nouveaux locataires eussent plus de galette qu’ils n’en laissaient voir. Puis, la haute allure de l’un et de l’autre qui faisait, par comparaison, rentrer aussitôt tout ce joli peuple dans le crottin, déconcertait et dépaysait les juges. Il fallait d’abord se rendre compte, n’est-ce pas ? On aurait toujours le temps de les assommer. Une surveillance vétillarde cauteleusement s’organisa.

Ce fut dans ces circonstances qu’ils connurent le ménage Poulot. C’étaient les voisins d’en face, locataires, eux aussi, d’une maison dont les fenêtres bâillaient sur leur jardin et d’où le regard pouvait plonger jusque dans leurs chambres. Mammifères quelconques, supposèrent-ils, mais qui montrèrent, dès le premier jour, une sorte de bienveillance, déclarant qu’il fallait s’entr’aider, que l’union fait la force, qu’on a souvent besoin d’un plus petit que soi, etc. ; que tels étaient leurs principes, et rendant effectivement de petits services que le désarroi de l’installation forçait d’accepter.

Les deux endoloris, peu capables d’observation attentive, n’eurent aucune alarme de ces prévenances qui leur paraissaient très simples et méconnurent tout d’abord la vulgarité ignoble de leurs obséquieux voisins que, bénévolement, ils imaginèrent avantagés de quelque appréciable supériorité sur les animaux. Ceux-ci manœuvrèrent de telle sorte qu’ils parvinrent à se faufiler, à se faire admettre, alors même que le besoin de ne plus les voir commençait à se faire impérieusement sentir.

Le Poulot avait un « cabinet d’affaires » et avouait, non