Page:Bloy - La femme pauvre.djvu/311

Cette page a été validée par deux contributeurs.

valable et qui eussent détérioré le flair d’un dogue, balancèrent sur l’étroit sentier leurs cassolettes habitées par des pucerons effrayants.

Ensuite, comme si tout cela n’était pas assez, une maison colossale, babélique, se dressa tout à coup dans le voisinage immédiat. Une armée de maçons qui ne connaissaient pas le Saint Jour secoua le plâtre sur ce paysage qu’il eût été si louable de désinfecter.

Pendant les deux derniers mois, quatre-vingts fenêtres en construction, percées dans des murs impies dont le pauvre lambeau de ciel était offusqué de plus en plus, tamisèrent obstinément l’asphyxie et le désespoir. La chaux en poussière envahit les meubles, les vêtements, le linge, poudra les têtes et les mains, brûla les yeux. On en mangea et on en but. Vainement on essayait de se calfeutrer, quand on se croyait assez forts pour affronter, un instant, la fermentation impétueuse de l’intérieur. Le dentifrice implacable se glissait par toutes les fentes, comme les cendres fameuses qui ont étouffé Pompei, et s’épandait invinciblement par les chambres closes.

La chaleur, qui fut excessive cette année-là, fit paraître les nuits encore plus atroces que les jours. On vit alors galoper partout des punaises à frimas, des punaises blanchâtres et amidonnées qui réalisèrent le dernier degré de la dégoûtation et de l’horreur.

Nul remède à toutes ces choses, nulle plainte à essayer, nulle réclamation à entreprendre. C’était bien connu. Les héros qui font bâtir sont peut-être encore plus adorables