Page:Bloy - La femme pauvre.djvu/308

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à le pourchasser, sa vigueur s’épuise, il ne trouvera pas même un garçon de charrue assez généreux pour ne pas lui jeter son coutre à travers les jambes. La Fête de l’homme, c’est de voir mourir ce qui ne paraît pas mortel.

Combien de métiers n’essaya-t-il pas, l’infortuné dans l’âme de qui vacillaient encore tous les luminaires du Moyen Âge ! Les Invisibles qui versent à boire aux agonisants qu’on abandonne en furent témoins.

Il sut alors, exactement, ce qu’avait pu être la célèbre tribulation de Marchenoir, dont la vie entière s’était passée à ramer sur ce banc de galériens et qui allait mourir, l’un des plus hauts écrivains du siècle, sans avoir obtenu ni sollicité de ses contemporains les plus intrépides le cordial hospitalier d’un doigt de justice.

L’enlumineur lui avait dû quelques-unes de ses meilleures inspirations. Il lui devait surtout, en grande partie, d’être devenu un chrétien profond, et parce qu’il tâchait de voir en plein la Face de Dieu, il désira d’être configuré aux souffrances de ce supplicié.

De son côté, Clotilde avait trouvé d’homicides coutures chiennement payées et on subsistait ainsi, l’un par l’autre, sans lendemain, de façon très-rigoureuse.

« Les renards ont leurs tanières », dit la Parole. Le plus bas degré de la misère est, assurément, de n’avoir pas ce qui peut s’appeler un domicile. Quand le poids du jour a été écrasant, quand l’esprit et les membres n’en peuvent plus, et qu’à force de souffrir on a entrevu l’abomination réelle de ce monde qui est le spectacle des