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de la joie d’une épousée. L’espèce humaine est si désignée pour souffrir que la permission donnée à un seul couple d’être heureux, une heure, n’est pas trop payée du cri d’agonie d’un monde.

« Mais voici que votre maître, grelottant et pâle de désir, vous prend dans ses bras. Quelque chose d’infiniment délicieux, je le suppose du moins, va s’accomplir.

« Jetez un dernier regard sur la pendule, et si c’est en votre pouvoir, priez Dieu qu’il éloigne de vous le mauvais ange des statistiques… Une minute vient de s’écouler. Cela fait environ cent morts et cent nouveau-nés de plus. Une centaine de vagissements et une centaine de derniers soupirs. Le calcul est fait depuis longtemps. Le compte est exact. C’est la balance du grouillement de l’humanité. Dans une heure, il y aura six mille cadavres sous votre lit et six mille petits enfants, tout autour de vous, pleureront par lierre ou dans des berceaux.

« Or, cela n’est rien. Il y a la multitude infinie de ceux qui ne sont plus à naître et qui n’ont pas encore assez souffert pour mourir. Il y a ceux qu’on écorche vivants, qu’on coupe en morceaux, qu’on brûle à petit feu, qu’on crucifie, qu’on flagelle, qu’on écartèle, qu’on tenaille, qu’on empale, qu’on assomme ou qu’on étrangle ; en Asie, en Afrique, en Amérique, en Océanie, sans parler de notre Europe délectable ; dans les forêts et dans les cavernes, dans les bagnes ou les hôpitaux du monde entier.

« Au moment même où vous bêlerez de volupté, des grabataires ou des suppliciés, dont il serait puéril d’entreprendre