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sacrement de mariage avant qu’aient disparu les derniers drapeaux et que se soient éteints les derniers lampions…

Ces deux êtres comme on n’en voit pas se marièrent, en effet, une semaine plus tard.


VI



La belle Heure des Noces ! Ne serait-ce pas ici le lieu de citer cet épithalame sombre que Marchenoir écrivait, plusieurs années avant d’être l’un des témoins de Clotilde à son mariage, et qui dut, alors, lui revenir bien étrangement.

« Vous vous souviendrez, ma belle, quand les convives du festin des noces auront disparu et que vous serez seule avec votre époux, — n’est-ce pas ? vous vous souviendrez, peut-être, de cet invité mystérieux qui n’avait pas la robe nuptiale et qui fut jeté dans les Ténèbres extérieures.

« Les pleurs et le grincement des dents du misérable étaient si forts qu’on les entendait à travers le mur et que les portes lamées de bronze tremblaient sur leurs gonds, comme si une rafale puissante les eût assiégées.

« Vous ne savez pas qui était cet individu et je ne le sais pas plus que vous, en vérité. Cependant, il me sembla que sa plainte remplissait la terre. Une minute, je vous le jure, une certaine minute, j’ai pensé que c’était là le gémissement de tous les captifs, de tous les exclus, de tous ceux qu’on abandonne, car tel est l’accompagnement nécessaire