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commisération des chroniqueurs qui larmoyèrent, aux rives du Nil de l’information parisienne, sur les malheurs de la « délicieuse maîtresse » de Pélopidas Gacougnol, enfin qualifié d’illustre.

Ce pauvre nom ridicule, synonyme, pour elle seule, de la Miséricorde infinie, avait été profané, à cause d’elle, par ces chiens immondes.

Mais, comme il fallait que tout fût exceptionnel dans les aventures d’une pauvresse vouée aux flammes, il y avait eu encore autre chose.

Environ deux heures avant sa mort, Gacougnol, s’éveillant d’un long évanouissement, pendant lequel on lui avait administré l’extrême-onction, s’était tout de suite informé d’elle. Léopold et Marchenoir, qui ne quittaient pas sa chambre, lui ayant répondu que le juge d’instruction l’avait fait appeler en hâte :

— Pauvre, fille ! avait-il dit, j’aurais aimé sa figure de sainte au dernier moment. Mais je ne veux pas la laisser sans ressources. Donnez-moi du papier, chers amis, je vais écrire un bout de testament.

Il avait, en effet, trouvé la force d’écrire pendant quelques minutes, puis laissant tout tomber, indifférent, désormais, aux choses terrestres, il s’était mis à heurter doucement à la porte pâle…

Le testament avait été reconnu indéchiffrable !

Un frère jusqu’alors inconnu, magistrat vertueux venu de Toulouse pour conduire le deuil, avait tout raflé, sans que les exhortations pathétiques des deux amis, qui