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ces images représentent. Ainsi prononce le Concile de Trente.

Certes, le mépris ou l’horreur des chrétiens modernes pour toutes les manifestations d’un art supérieur est intolérable et paraît même une autre sorte d’iconoclastie plus démoniaque. Au lieu de crever des toiles ou de briser des statues peintes, comme cela se pratiquait sous les Isauriens, on étouffe des âmes de lumière dans la boue sentimentale d’une piété bête, qui est la plus monstrueuse défiguration de l’innocence…

— Tiens ! poussa Druide, se tournant vers Folantin, n’est-ce pas, en propres termes, ce que vous me prophétisiez, il y a quelques jours : Attendez-vous à finir dans l’égout ? Il s’agissait de ma pauvre peinture dont vous essayâtes charitablement de me décourager. Je demande pardon pour cette interruption, mais je n’ai pu la retenir, tant les derniers mots qui viennent d’être proférés ont ravivé dans mon cœur le sentiment d’une gratitude qui ne prendra fin qu’avec moi-même — et dans le même lieu, selon toute probabilité…

Folantin se contenta de sourire, aussi équivoquement qu’il put, et Marchenoir continua :

— L’Art, cependant, je le répète, est étranger à l’essence de l’Église, inutile à sa vie propre, et ceux qui le pratiquent n’ont pas même le droit d’exister s’ils ne sont pas ses très humbles serviteurs. Elle leur doit sa protection la plus maternelle, puisqu’elle voit en eux ses plus douloureux et ses plus fragiles enfants, mais s’ils deviennent grands et