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le Paradis, et tu es obstrué, de surcroît, par l’épaisse formule hégélienne… Et, d’ailleurs, pourquoi Wagner ? pourquoi tel ou tel artiste, lorsque l’Art lui-même est en litige ?

Le belluaire s’était levé, comme pour congédier l’importune visitation des pensées frivoles. Bohémond, resté sur sa chaise, et le poing fermé sous son menton, dans l’attitude lithographique du maire de Strasbourg écoutant Rouget de l’Isle beugler la Marseillaise, l’envisageait de bas en haut, de la même façon qu’un tigre, à moitié vaincu mais plein de courage, envisagerait un mammouth ressuscité du Déluge.

— L’Art moderne est un domestique révolté qui a usurpé la place de ses maîtres, catéchisa le promulgateur d’Absolu. J’ai quelquefois dénoncé, avec une amertume qui paraissait excessive, l’étonnante imbécillité de nos chrétiens, et la haine vile dont ils rémunèrent le Beau, infailliblement Vous m’accorderez, Messieurs, qu’il est impossible d’en dire trop sur cet article. Depuis trois ou quatre siècles, les catholiques et les dissidents de n’importe quelle étable ont tout fait pour dégrader l’imagination humaine. En ce seul point, hérétiques et orthodoxes ont été continuellement unanimes.

La consigne donnée aux uns et aux autres par le Tout-Puissant d’En Bas était d’effacer le souvenir de la chute. Alors, sous prétexte de restituer l’homme, on fit renaître la Viande antique avec toutes ses conséquences. Les cathédrales croulèrent, les nudités saintes firent place à la