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cru de Saron, tout ce qui pourrait rester du Sang du Christ au fond des cruches miraculeuses.

Tu as bien compris, Marchenoir, du Sang du Christ !

Or ce « bon vin » ayant été réservé pour la fin du banquet nuptial, lorsque les convives étaient déjà suffisamment imbibés de l’ordinaire, — comme l’atteste positivement un Historien vérifié dans l’huile bouillante, soixante ans plus tard, par l’empereur Domitien, — il y a lieu de croire qu’il dut en rester une quantité raisonnable qui fut expédiée, le soir même, à Jérusalem, avec un rapport très circonstancié, pour qu’on l’analysât dans le laboratoire du Sanhédrin.

Nul n’a le droit d’ignorer que les princes des prêtres et les docteurs de la loi qui formaient le Grand Conseil étaient des scélérats d’une science talmudique à faire peur, connaissant sur le bout du doigt toutes les traditions messianiques et tous les signes où se devait reconnaître l’avènement du Fils de Dieu. Quand ils demandèrent Sa mort, ils savaient donc très bien ce qu’ils faisaient, préférant la plus ample damnation lointaine à l’inconvénient prochain d’humilier devant Lui leurs barbes pharisaïque et pédiculaires.

Faute de documents certains, il serait difficile, je ne dis pas de savoir, mais seulement d’imaginer les sacrilèges abominations ou les amalgames vingt fois indicibles qui se perpétrèrent, en la conjoncture, au sein du Collège pandémoniaque. Mais voici ce qu’une vie déjà longue et, d’ailleurs, jusqu’à ce jour, entièrement consacrée à l’iniquité, m’a permis d’entrevoir.