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très cher, son plus proche parent, son disciple, son admirateur. Affectueusement il l’invite à répandre son âme, à dérouler devant lui ses intestins, l’amène peu à peu aux aveux complets, puis, démasquant son étincelante armure, le transperce d’un mot vengeur…

La raillerie blanche de ce collatéral des Dominations égarées descend, quelquefois, à une telle profondeur que les victimes ne s’en aperçoivent même pas. N’importe, il lui suffit que cela soit enregistré par les Invisibles.

Encore un peintre, ce Lazare Druide qui l’accompagne, mais jusqu’à ce jour peu célèbre et aussi différent de Folantin qu’un encensoir balancé devant l’autel est différent d’un pot de moutarde anglaise dans la salle à manger d’un négociant.

Il est peintre, celui-là, comme on est lion ou requin, tremblement de terre ou déluge, parce qu’il est absolument indispensable d’être ce que Dieu a voulu et pas autre chose. Seulement, il faudrait un peu plus que le langage des hommes pour exprimer combien Dieu a voulu qu’il fût peintre, le malheureux ! car il semblait que tout en lui dût s’opposer à cette vocation.

Ah ! il peut faire tout ce qu’il voudra, il peut affoler d’admiration ou d’effroi une horde plus ou moins nombreuse d’intellectuels et de passionnés ; probablement même lui arrivera-t-il, un prochain jour, d’éclater sur la multitude par quelque trouvaille gigantesque ; — eh bien ! non, quand même, ce n’est pas cela.

On peut se le représenter vagabond, chef de brigands