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— Celui-là, c’est l’Envieux ! dit, un jour, avec précision, Barbey d’Aurevilly qui l’assomma de ce mot.

Sa malignité, cependant, est circonspecte. Très soigneux de sa renommée, qu’il cultive en secret, comme un cactus frileux et rare, il ne néglige pas de prendre contact avec des journalistes qu’il pense avoir le droit de mépriser ou avec certains confrères pleins de candeur dont il subtilise les conceptions. On tient pour sûre l’histoire malpropre de cette esquisse de la Messe noire carottée pour quelques louis à un artiste mourant de misère, — ébauche superbe qu’il se hâta d’avilir de son pinceau, après avoir ignominieusement congédié le malheureux qui lui faisait une telle aumône.

Il pourra paraître peu croyable que l’indépendant Gacougnol reçoive chez lui un personnage si fait pour l’exaspérer. Mais le brave homme, on l’a vu, ne connaît que son bon plaisir et c’est à coup sûr dans l’espoir de quelque conflit qu’il a réuni sous le même toit des antagonismes si certains.

D’ailleurs, sans parler de Léopold, de Marchenoir ou de lui-même, n’y a-t-il pas là Bohémond de L’Isle-de-France et Lazare Druide, et l’excessive répulsion que peut inspirer un Folantin ne doit-elle pas être vingt fois contrebalancée par ces deux êtres lumineusement sympathiques ?

Le premier est connu de toute la terre, c’est-à-dire des quelques centaines de songeurs éparpillés pour qui chante un vrai poète, et c’est à peine si celui-ci, qu’on nomme parmi les plus grands, chante pour lui-même. Persuadé que