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alléluias dérisoires de la Renaissance et à la vacherie chrétienne de ce dernier siècle !

Moi, Marchenoir, je ne puis former une pareille interpellation, puisque, comme je viens d’avoir l’honneur de vous le dire, je suis un contemporain des derniers hommes du Bas-Empire et, par conséquent, fort étranger à ce qui a suivi la ruine de Byzance. Il me suffit de croire que tant de souffrances furent endurées pour que vînt un jour la merveilleuse passiflore du Moyen Âge qui s’est appelée Jeanne d’Arc, après laquelle, vraiment, le Moyen Âge pouvait bien mourir.

Il râla, cependant, jusqu’au Christophore qui devait le porter en terre et, seulement alors, l’abjecte modernité eut la permission d’apparaître. Mais la prise de Constantinople est la grande ligne de démarcation.

Le Moyen Âge sans Constantinople parut aussitôt comme un arbre immense dont on aurait tranché les racines. Pensez que c’était le Reliquaire du monde, l’œcuménique Châsse d’or, et que les ossements dispersés de ses vieux Martyrs, où l’Esprit-Saint s’était reposé parmi tant d’ingrates générations, ont pu couvrir toutes les villes de l’Occident d’une lumineuse poussière !

Elle avait beau être schismatique et très perfide, polluée d’ignominies, ruisselante d’yeux crevés et de sang pourri, elle avait beau faire horreur aux Papes et aux Chevaliers, c’était, quand même, la porte de Jérusalem où les bons pécheurs avaient tous l’espoir de mourir d’amour. Une porte si belle qu’elle éblouissait les chrétiens jusqu’en