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qui sera probablement regardé comme la chose la plus vaine qu’on pût écrire.

À tout prendre, ces gracieux lecteurs feraient encore mieux de ne pas ouvrir du tout le présent volume qui n’est lui-même qu’une longue digression sur le mal de vivre, sur l’infernale disgrâce de subsister, sans groin, dans une société sans Dieu.

L’auteur n’a jamais promis d’amuser personne. Il a même quelquefois promis le contraire et a fidèlement tenu sa parole. Aucun juge n’a le devoir de lui demander davantage. La fin de cette histoire est, d’ailleurs, si sombre, quoique illuminée de bien étranges flambeaux, — qu’elle viendra toujours assez tôt pour l’attendrissement ou l’horreur des sentimentales punaises qui s’intéressent aux romans d’amour.

Il est incontestable que le fait de recevoir des présents, et surtout ce qu’on est convenu d’appeler des cadeaux utiles, est, aux yeux du monde, l’effet évident d’une monstrueuse dépravation, quand la femme qui les reçoit est disponible et que l’homme, célibataire ou non, qui a l’audace de les offrir, n’est ni son proche parent ni son fiancé. Mais la dépravation, de simplement monstrueuse qu’elle était, devient excessive si les objets — offerts d’une part et franchement acceptés de l’autre — sont d’usage intime et, conséquemment, significatifs de turpitudes. L’oblation d’une chemise, par exemple, crie vers le ciel…

À ce point de vue l’indéfendable Clotilde eût été réprouvée par les moralistes économes, avec une énergie presque