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épouvantables Olifants du rappel des morts et leurs indicibles mains, que n’inventerait aucun délire, sont déjà crispées autour des sept Coupes de la fureur.

Que la petite lampe qui brûle devant le plus humble autel de la chrétienté leur fasse un signe, et les habitants du globe voudront sauter dans les planètes pour échapper à la plaie de la terre, à la plaie de la mer, à la plaie des fleuves, à l’hostilité du soleil, aux immigrations affreuses de l’Abime, à l’effarante cavalerie des Incendiaires et surtout à l’universel regard du Juge !

En vérité, ce sont « les Sept, qui se tiennent en la présence de Dieu », nous dit l’Apocalyptique et c’est tout ce qu’on en peut savoir. Mais il n’est pas défendu de supposer, — comme pour les étoiles, — qu’il y en a des millions d’autres, dont le moindre est capable d’exterminer, en une seule nuit, les cent quatre-vingt-cinq mille Assyriens de Sennachérib ; — sans parler de ceux-là qu’on nomme précisément les démons et qui sont, au fond des puits du chaos, l’image renversée de tous ces flambeaux crépitants du ciel.

Si la vie est un festin, voilà nos convives ; si elle est une comédie, voilà nos comparses ; et tels sont les formidables Visiteurs de notre sommeil, si elle n’est qu’un rêve !

Lorsqu’un entremetteur d’idéal barytonne les splendeurs angéliques de Célimène, sa sottise a pour témoins les Neuf multitudes, les Neuf cataractes spirituelles que Platon ne connaissait pas : Séraphins, Chérubins, Trônes, Dominations, Vertus, Puissances, Principautés, Archanges et