XIV
La MÉDUSE-ASTRUC est un de ces cris superbes. Et vous avez compris, ô mes chers amis ! comment elle en est un et pourquoi, — dans ce siècle bourgeois et grossier, — elle a tant de droits à la sainte impopularité du Génie. L’auteur de la MÉDUSE est un prince de l’Art, un très grand prince dépossédé, après tant d’autres, de cette gloire prostituée qui coule présentement dans les bras de la multitude, comme un ruisseau de sang et de boue dans les rues phosphorescentes de Sodôme-la-Consumée ! Il sait bien qu’elle est une vile gloire qui ne se donne, — comme tant de femmes ! —qu’à ceux-là qui l’avilissent encore, jusqu’au point de fluer en une immonde déliquescence au plus bas étage des cœurs. Mais le Prince de la MÉDUSE est une âme fière et son planant esprit ne descendra jamais au-dessous des généreux dégoûts de son cœur, — à lui ! Quand il devra tomber, c’est dans l’Océan qu’il désirera de s’engloutir, dans le vaste Océan sans rivages, où la lumière bénigne des horizons prochains une touche à la Maurice de Guérin. et le regard mouillé des étoiles de la mer protègeront son agonie solitaire et la défendront contre les sottes rumeurs humaines qui pourraient la profaner !