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dant, osât enfin se déculotter et se polluer devant les garnos ?


30. — Une chose que je ne me lasse pas d’admirer dans le feuilleton du Crétin, c’est l’impuissance, l’infécondité de l’auteur. C’est consternant et même un peu diabolique de lire ce bavardage monstrueux, infini, ce déluge de mots, pendant des pages, pour ne jamais aboutir, pour ressasser indéfiniment un lieu commun misérable, sans espoir de rencontrer, je ne dis pas une idée, mais une image, un semblant d’image qui n’ait pas servi un million de fois ! Cela fait penser à la masturbation d’un cadavre.

« … Et il songeait encore aux lits des casernes où dorment solitaires, improductifs, quatre cent mille jeunes hommes, etc. » Ne croirait-on pas entendre les lamentations d’un tenancier de lupanar menacé dans son négoce ? Le digne homme voudrait donner des femelles à tous ces mâles.

À cet endroit, il n’est question que de semence, de laitance, d’œufs de poisson, « d’œufs qui coulent (sic) dans les veines du monde, etc. » Et telle est, durant cinq cents