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17. — Je voudrais qu’Urbain Gohier me fît don de son portrait. Je me le représente très bien comme un de ces cordonniers incorruptibles de 93 dont la langue dégoûtait Napoléon. Il se pourrait, néanmoins, que la vénusté d’un garçon coiffeur ne lui eût pas été refusée. Moralement et politiquement, ces deux aspects ne manquent pas de confluence.

« Le métier militaire, écrit-il, est, avant tout, l’école de la lâcheté ». (Aurore, 14 sept.) Certes, on ne pourra pas dire facilement que je croupis sur l’empeigne de l’État-Major. Les gueules bêtes et venimeuses de Mercier ou du commandant Carrière, par exemple, s’il m’était infligé de les contempler sans cesse, me sembleraient un purgatoire très rigoureux. Mais ce larbin déchaîné qui ose prétendre que les soldats de la République et de l’Empire — pour ne pas remonter plus haut — étaient des lâches !… C’est à se demander si les chroniqueurs de l’Aurore, dont l’ambition va je ne sais où, ne sont pas intentionnellement les pires ennemis, les plus cruels assassins de Dreyfus.