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Je suis, si vous voulez le savoir, un pénitent de l’Argent.

Avec des consolations inexprimables, j’endure pour Lui d’être méprisé par les hommes, d’épouvanter jusqu’aux bêtes et d’être crucifié tous les jours de ma vie par la plus épouvantable misère…

J’avais assez pénétré l’existence mystérieuse de cet homme extraordinaire pour entrevoir qu’il me parlait d’une façon toute symbolique. Cependant les Paroles Saintes aussi rudement adaptées, m’effaraient un peu, je l’avoue.

Il se dressa tout à coup, levant les bras, et je le vois encore, semblable à une potence géminée d’où pendraient les haillons pourris de quelque ancien supplicié.

— On dit assez, par le monde, me cria-t-il, que je suis un horrible avare. Eh bien, vous raconterez un jour que j’avais découvert la cachette, infiniment sûre, dont aucun avare, avant moi, ne s’était encore avisé :

J’enfouis mon Argent dans le Sein des Pauvres !…

Vous publierez cela, mon enfant, le jour où le Mépris et la Douleur vous auront fait assez grand pour ambitionner le suprême honneur d’être incompris.

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M. Pleur nourrissait environ deux cents familles,