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L’excellent homme avait un fils comme il en faudrait souhaiter à tous ceux qui savent le prix de l’argent.

Je demande ici la permission de perdre pied quelques instants et de m’envoler dans le dithyrambe.

Dieudonné Labalbarie était, si j’ose le dire, encore plus admirable que son père. Conçu dans une heure insigne de triomphe sur des concurrents téméraires, il réalisait en plein l’idéal des vertus solides que les plus sérieuses maisons de crédit peuvent escompter.

À quinze ans, il avait déjà placé des économies et sa personne était tenue comme un livre. Barrême consulté n’eût pu découvrir en lui rien de frivole.

Le comble de l’injustice eût été de lui reprocher une minute d’enthousiasme, un accès, même réprimé, de fol attendrissement sur qui que ce fût, à propos de n’importe quoi.

Son heureux père était forcé de s’appuyer à la caisse ou au comptoir quand il en parlait, tant il était ivre d’avoir procréé un tel garçon.

Cet enfant de bénédiction vit et prospère. Il a même doublé son patrimoine depuis trois ans qu’il est orphelin, ayant su se faire adorer d’une richissime gardeuse de tortues qu’il vient d’épouser, et beaucoup de gens le reconnaîtraient, sans doute, si