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exégèse des lieux communs

XLIV

J’ai bien gagné de me reposer.


M. Répandu est propriétaire et il le sait. Il sait même qu’il a la loi pour lui. Mais il tient à ignorer ses locataires, son médecin lui ayant interdit les émotions qui sont l’effet ordinaire des engueulades. Il souffre, paraît-il, du grand sympathique.

Pour échapper aux plaintes et réclamations, il a un gérant au cœur ferme, un ex-huissier ou clerc de notaire qui la connaît dans les coins et qu’il avantage d’un tant pour cent pour que tout aille sur des roulettes.

Cette gérance, d’ailleurs, n’est pas une sinécure, M. Répandu possédant plusieurs immeubles, presque tous habités par des ouvriers dont il faut, chaque samedi, attraper, pour ainsi dire, l’argent au vol. Il y a aussi, dans ces casernes, un assez bon nombre de filles aimables dont les rentrées sont incertaines et les amitiés ondoyantes. La collecte des loyers chez ces personnes est moins consolante que périlleuse.

— Je suis le propriétaire qui ne veut rien savoir, disait M. Répandu, après vérification des sommes, un jour que son gérant était venu chez lui avec