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exégèse des lieux communs

dédommagements et des indemnités considérables ; aussi il n’est pas rare de voir des malheureux, emportés par un atroce dévouement à leur famille, aller se donner stoïquement la mort chez des gens riches.


Cette page curieuse m’est revenue en songeant à mon bourgeois. Au point de vue strictement religieux, le refus ou l’absence du désir de la sainteté ne diffère pas du suicide, puisqu’en dehors de l’état des saints il n’y a, rigoureusement et en fin de compte, que l’état des morts, des vrais morts qui ont détesté leurs âmes, des morts éternels. Ceux-là se sont tués, eux aussi, dans le dessein de perdre leurs frères. L’homme qui dit volontiers : « Je ne suis pas un saint », accomplit spirituellement l’acte effroyable du Chinois désespéré. Mais comme il est dans les ténèbres, il croit n’enjamber qu’une marche et il enjambe l’abîme.


XLII

Je ne me fais pas meilleur que je ne suis.


Assez de blagues, Bourgeois ! Si tu n’es pas un saint, ce que j’accorde, l’humilité ne te convient pas. Il ne s’agit pas de te faire meilleur ni pire,