juges, le mot « prêcher » et qu’entendent-ils par le « désert » ? Quant à saint Jean, n’en parlons pas, cela vaut mieux. Lorsque je lis dans l’Évangile que « Jean-Baptiste prêchait dans le désert de Judée », il me suffit de continuer le chapitre pour savoir immédiatement qu’une énorme foule d’auditeurs venus de partout l’écoutait dans ce désert, qu’un grand nombre se faisaient baptiser par lui et devenaient ses disciples, et que, par conséquent, il ne prêchait pas en vain. Or c’est justement le contraire qui paraît être compris par François Coppée ou tel autre académicien bourgeois précité.
Alors quoi ? Cette apparente confusion du datif et de l’ablatif — l’ânerie pure et simple n’étant pas supposable un seul instant — ne cacherait-elle pas quelque secret prodigieux ? Ces hommes auraient-ils reçu je ne sais quelle révélation inouïe invalidant le Texte sacré ?… Une telle pensée me donne le trac, je l’avoue, et, du fond de ma bassesse d’écrivain, de mon ignominie d’artiste pauvre, je bénis Dieu de ne m’avoir pas fait naître bourgeois pour la gloire d’un si lourd fardeau.