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mystique, il n’y a rien à faire », elle eut honte d’appartenir au genre soi-disant humain d’un tel idiot et se jugea plus profanée par ce crétinisme olympien que par les regards infâmes et la concomitante brutalité des carabins.

Il y a au Mexique, particulièrement à la Vera-Cruz, une espèce de vautour dont le nom m’échappe, lequel a pour fonction d’assainir la ville en dévorant toutes les charognes. Il perche par milliers sur les toits et les murs les plus élevés, observant d’un œil infaillible tout ce qui tombe. C’est à peine si une ordure a le temps de toucher le sol. Cet oiseau est l’objet d’une considération respectueuse. Il ne se donne, pour ainsi dire, pas de fêtes sans lui, et il est défendu de le tuer sous les peines les plus sévères. Telle est la prérogative des malades assistés dans les hôpitaux ou les asiles de Paris. On compte sur eux pour engloutir la vieille carne et les autres mangeailles putréfiées dont les cochons ne veulent plus et qu’il serait indélicat d’offrir à d’honnêtes chiens.

Cet expédient offre le multiple avantage de diminuer les chances de peste buboneuse dans les divers quartiers de Paris, de remédier au gaspillage des subsistances, d’atténuer chez les égrotants l’horreur de la mort, enfin et surtout de faire affluer dans les poches laïques et philanthropiques des intéressés la bonne galette sans odeur. Il y a seulement cette différence avec les oiseaux de proie