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XCIII

Tendre la main.


Celui-ci me ramène au clergé du diocèse de Meaux. Je fis, un jour, cette expérience d’aller demander l’aumône au curé d’une paroisse immédiatement dépendante du doyenné de Lagny. Il me la refusa, ai-je besoin de le dire ? avec des paroles d’huile et de miel, douces et froides comme la lune.

Cet ecclésiastique, jeune encore, a la physionomie d’un vieux rat et paraît en avoir les mœurs. Rond comme un rond de cuir et luisant comme un boudin, derrière un nez perpétuellement quêteur surmonté de deux petits yeux en têtes de clous noires et brillantes, l’abbé Pucelle est le type du prêtre bourgeois.

Il se pique d’archéologie, disant à qui veut l’entendre que, lui aussi, a fait « gémir la presse » ; prononce : « les saints Pierre épaule », avec lenteur ; garde l’argent qu’on lui confie pour les pauvres et utilise en qualité de domestiques ses vieux parents. J’ajoute ce trait prodigieux et absolument inouï qu’en vue de complaire aux boutiquiers de sa paroisse il exige des factures acquittées pour donner l’absolution aux nécessiteux.