Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/163

Cette page a été validée par deux contributeurs.

une affaire. Il est vrai que ce Lieu Commun embarrassant est conditionnel. Les autorités assurent qu’il serait loisible à quiconque de vendre la peau d’un ours qu’il aurait tué lui-même, ce qui est une mauvaise plaisanterie. Le Bourgeois veut rire.


LXXXIX

Perdre ses illusions.


C’est le premier article du programme. Il devrait être l’unique, tellement il enveloppe les autres. Un bourgeois qui n’aurait pas perdu ses illusions ressemblerait à un hippopotame qui aurait des ailes. Au fond, les illusions, c’est tout ce qui ne peut pas être digéré. Les éleveurs ne s’y trompent pas. Jamais une illusion ne vaudra un sac de pommes de terre pour engraisser des cochons. Sans doute, mais, là encore, il y a une difficulté.

Que faut-il entendre par le mot illusion ? Y a-t-il des illusions particulières aux bourgeois et d’autres qui ne peuvent affecter que des héros ou des poètes ? Un grand artiste qui croirait, par exemple, qu’il faut « choisir une carrière », comme dit l’indépassable Hanotaux, ou que le sucre de betterave, à poids égal, ne vaut pas moins que le Moïse de