Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que voilà entendent par ces paroles qu’on ne vaut pas grand’chose ou rien du tout, ils se trompent d’une manière qui étonne. Affirmer d’un individu qu’il est moins riche qu’un milliardaire n’implique pas qu’il soit un nécessiteux. On peut ne pas valoir précisément le Diable et, néanmoins, capitaliser sans fatigue la valeur morale et intellectuelle d’une infinité de bourgeois. Que penser de quelqu’un qui vaudrait le Diable ?…

Il faudrait faire attention à ce qu’on dit. Le Diable n’aime pas qu’on se compare à lui, fût-ce pour déclarer qu’on ne le vaut pas et il y a des mots qui le font venir. « Quand nous ne parlons pas à Dieu ou pour Dieu, a dit un écrivain peu connu, c’est au Diable que nous parlons et il nous écoute dans un formidable silence… »


LXXXI

Se plaindre que la mariée est trop belle.


Essayez de faire comprendre à des bourgeois qu’il peut y avoir lieu de se plaindre, en effet, et que l’excessive beauté d’une mariée peut avoir des inconvénients ! Ah ! qu’ils sont loin de cette crainte et de ce gémissement ! Il leur faut des épouses