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laires en coton qui commencent à se manger aux vers et vous savez qu’il nous en reste beaucoup…

Agneau sans tache qui vous offrez pour les pécheurs avec tant d’amour, ayez pitié de leur état et délivrez-les de l’esclavage du démon par le mérite de votre offrande… Je crains bien d’avoir fait une trop forte commande de bénitiers en biscuit. Il y a de nos clients qui se plaignent que c’est trop cher. Mais c’est un article avantageux que je ne peux pourtant pas laisser à meilleur marché. Il n’y aurait plus qu’à mettre la clef sous la porte. Heureusement que ça se casse vite et qu’il en faut toujours. On se rattrape sur la quantité…

Nos péchés, ô divin Sauveur, ont armé vos bourreaux des instruments de votre supplice… Il est vrai que les affaires sont les affaires et qu’il n’y aurait pas moyen de joindre les deux bouts si on donnait la marchandise. Puis, il y a la morte-saison où on n’arrive pas à vendre un catéchisme, ni une bouteille d’encre, ni une rame de papier. Si on place de temps en temps, par ci par là, un petit roman un peu léger, une petite polissonnerie, un tout petit jeu de cartes plus ou moins transparentes, mon Dieu ça regarde ceux qui les achètent, n’est-ce pas ? D’ailleurs, je ne fais ces affaires-là, vous le savez, qu’avec des messieurs bien mis et d’un certain âge. Où est le mal ? Ah ! doux Jésus, ne vous mettez jamais dans le commerce !…

Ce mystère nous enseigne la mortification cor-