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quer. On ne savait pas qui était dans le voisinage. Mourants de lassitude et plus affamés que jamais, ils se couchèrent enfin sur de vieux matelas qui avaient la consistance des meules et tâchèrent de s’endormir.

Ce mauvais repos ne dura pas longtemps. La porte, qu’ils n’avaient pas eu la précaution de refermer au verrou, se rouvrit avec violence et donna passage à trois grands diables de francs-tireurs que poursuivait à quelque distance une patrouille bavaroise commandée par un officier d’une physionomie abominable qui dardait sur eux le rayon jaune de sa lanterne. Une volée de coups de fusils salua leur disparition dans la forteresse. Les dormeurs s’étant dressés en un clin d’œil, la porte se trouva refermée, verrouillée, barricadée instantanément.

Jusqu’au petit jour, long à venir, on laissa tranquilles ces sept hommes qui eurent le temps de faire connaissance et qui n’avaient pas moins faim les uns que les autres. L’aube frissonnante luisait à peine que le siège commença.

Les pauvres garçons essayèrent de se défendre, mais que pouvaient-ils contre une multitude ? Leur asile fut bientôt forcé. L’un des francs-tireurs eut assez la protection des saints anges pour qu’on l’éventrât, les armes à la main. Les autres, poussés dans un espace trop étroit et, d’ailleurs, exténués de misères, se laissèrent prendre. Leur compte fut