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je compris l’énormité de ma sottise. Mais il était trop tard.

Puis, que dirai-je encore ? Il y avait la simagrée religieuse… Cet homme libre, imitateur et transcripteur infatigable d’un écrivain trop connu, était plein de textes et d’élans. Enfin ne l’ayant jamais vu, j’ignorais les décourageants effets de sa devanture. Que cela, surtout, me soit une excuse.

Il avait, hélas ! une compagne qui répondait au nom de Raphaële et même un petit enfant, malheureux être voué, j’en ai peur, à une éducation homicide. Cette mère, une blondasse flamande à chair molle et blanche sous une peau sale, aux yeux couleur de poussière, au regard fuyant, à la bouche hermétique d’une avaricieuse impressionnée par le cul-de-poule de la Joconde, était, je pense, plus odieuse encore que son mari.

Lui, du moins, ne nourrissait pas. Il se contentait d’être nourri et d’avoir une plume, car il se vante sans cesse d’avoir une plume, une pauvre diablesse de vieille plume ramassée dans l’ordure de mon plumier et qu’il espère utiliser contre moi.

Mais elle, ah ! justes cieux ! elle était de ces femmes à qui le fait de donner à téter confère un grade élevé dans l’admiration des hommes. Dépoitraillée, languissante, l’âme en pantoufles, elle se traînait suavement, du matin au soir, ayant à peine la force de réclamer, d’une voix exténuée par le prodige de