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avaient oxydées de leurs joies ou de leurs douleurs.

La patine des murs tombants fut, à la longue, déterminée par l’haleine des cœurs en travail d’angoisse et par les moites mains qui tremblèrent, en s’y appuyant, au milieu des siècles.

Les yeux même, les pauvres yeux qui les regardèrent si souvent, comme un horizon, avant de s’éteindre à jamais, semblent avoir laissé quelque chose de leurs clartés, calmes ou tragiques, sur ces réflecteurs attentifs de tant de périssables flambeaux.

Et les ruines vont toujours se multipliant, jusqu’à tout combler, sur notre planète sénile qui n’en roule pas moins dans le merveilleux espace, — comme une cinquième roue d’Ézéchiel rebutée du camion des prophéties, — offrant impassiblement aux jours et aux nuits le Dies iræ silencieux de ses implacables poussières.

On en voit de ces reliques de la ténébreuse histoire, qui assument, en quelques pieds carrés, la moisissure de plusieurs empires archi-défunts dont nul peuple ne se souvient et qui font éclater l’insuffisance des savantissimes. Il en est d’autres moins émiettées, moins pilonnées par le temps, qui vocifèrent à leur façon, par leurs fentes, par leurs crevasses et du fond de leurs alcôves de reptiles, l’invalidité des catastrophes ou des épopées d’hier, dont nos mandarins sont à peine mieux informés.

Toutes, en vérité, sont néanmoins, très-puis-