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trouvera tout à fait dormant, si profondément dormant qu’il ne faudra pas moins pour vous réveiller que le cantique des Sept Clairons du Jugement.

Ainsi grondent aujourd’hui les dernières Âmes, les abandonnées et les désolées, vestiges suprêmes de la Ressemblance, rares exemplaires survivants et abhorrés que la balistique des lieux communs de l’Apostasie n’a pu démolir.

On demande des Prêtres. On en demande d’autres. On en veut qui soient fraternels aux Intelligences, qui aiment la Beauté et la Grandeur jusqu’à en mourir, qui n’acceptent pas d’abdications comme il s’en est tant vu depuis deux cents ans.

On vous demande, messieurs les successeurs des Apôtres, de ne pas dégoûter le Pauvre qui cherche Jésus, de ne pas détester les Artistes et les Poètes, de ne pas envoyer au camp ennemi — à force d’injustice, de déraison et d’ignominies, — celui qui ne chercherait pas mieux que de combattre à côté de vous et pour vous, si vous étiez assez humbles pour le commander.

Mais vous n’écoutez même pas, vous ne voulez rien savoir, vous somnolez pesamment sur des blessés qui saignent ou qui agonisent et, quand une clameur trop désespérée vous force d’entr’ouvrir les yeux, vous n’avez que cela à dire : — Et après, mon enfant ? Et vous vous rendormez aussitôt en vous étonnant de n’avoir plus l’empire du monde.