Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/387

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tout à l’heure, à côté de moi, j’entendais vociférer un gros homme que les débordements de M. Fouroux ne devaient certes pas révolter beaucoup, et qui, néanmoins, demandait sa tête avec des clameurs sauvages, en dénonçant à tous les souffles des cieux l’iniquité scandaleuse de sa trop bénigne condamnation.

Pourquoi faut-il que d’aussi généreux élans soient inexplicables ? Et comment n’a-t-on pas encore signalé l’universelle anomalie d’un blâme aussi déchaîné ?

Car, enfin, la situation relativement intéressante de madame de Jonquières et le municipal goujatisme du Fouroux ne paraissent pas suffisants pour fomenter une pareille effervescence.

Ce n’est pas sans une lueur de bon sens que le pénible défenseur de ce dernier personnage a fait remarquer l’absurdité de mêler des questions de dignité d’homme à des questions de criminalité. « Crachez-lui au visage, s’est-il écrié, mais ne le condamnez pas ! »

La vindicte bourgeoise exigeait, au contraire, qu’on le condamnât et le galant maire n’aurait pas sauvé sa tête si la procédure criminelle avait pu être remplacée par un plébiscite…

Remarquez, s’il vous plaît, que le fond même de la cause, l’avortement, l’infanticide, est complètement négligé. On s’en souvient tout au plus et si la chose est rappelée, c’est uniquement pour qu’il soit bien entendu qu’on a suivi toute l’affaire jusqu’en ses détails les plus futiles, comme