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Ces lieux ont été infiniment décrits. C’est toujours le même archaïsme de camelote et de bric-à-brac : vitraux en culs de bouteilles, lambris échappés au sac des faubourgs, crédences, bahuts, panoplies, faïences, fer forgé, tapisseries en chiendent des Gobelins et peintures du prochain siècle ; le tout ordinairement exaspéré par une imagination de Jocrisse et des lectures de cabotin, avec l’aggravation caractéristique d’un instinct de bas brocanteur.

Les maîtres de céans, pour parler leur langue, gens sérieux en affaire, ont su tirer partie de leurs anciennes relations d’atelier ou de crèmerie, en prêtant, au petit bock ou au petit déjeuner, sur l’art moderne, et ce pauvre art, souvent famélique, par grand bonheur, a docilement enduit de peinture les murailles résignées de ces chapelles Sixtines de l’abrutissement.

Ne vit-on pas, un jour, à l’entrée d’un de ces boucans, un magnifique suisse, un vrai suisse rutilant de cathédrale, distributeur automatique de la profession de foi du patron qui promulguait ainsi sa candidature aux élections de l’Assemblée nationale ? Cette farce d’une sottise flambante et intégrale, pratiquée plusieurs fois, d’ailleurs, fut reproduite à l’infini par de bénévoles journaux, dans le dessein probable de déshonorer un peu plus le suffrage universel qui se déshonore, pourtant, bien assez lui-même !

Tout cet ensemble de viles blagues mériterait peu qu’on s’y arrêtât, si la curiosité seule était