Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Après ceux-là, suivent les petits chacals sans nombre, dont l’office est de dévorer tout ce qui tombe et de lécher toute chose léchable. Et ce cortège est contemplé par un peuple immense, mais si prodigieusement imbécile qu’on peut lui casser les dents à coups de maillet et l’émasculer avec des tenailles de forgeur de fer, avant qu’il s’aperçoive seulement qu’il a des maîtres, — les épouvantables maîtres qu’il tolère et qu’il s’est choisis.

VIII

Depuis longtemps, j’avais formé le vœu de confesser publiquement ma propre stupidité. Cette préface en sera l’occasion très-naturelle, puisque je parais être sur le point de recommencer les « engueulements » qui ont rendu cette disgrâce si manifeste aux yeux clairvoyants de mes juges.

Des vieilles gens m’ont affirmé que j’étais né complétement idiot. Je ne puis rien certifier à cet égard. Mes souvenirs d’enfance sont un peu troubles, en raison, vraisemblablement, de cet état initial qui aurait précédé mon éclosion. Ce qui n’est pas douteux, c’est l’incroyable retard d’une maturité intellectuelle que la paille de vingt années de noire misère n’a pas été capable d’accélérer.

Mélancolique avec ça, au point de noircir les