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rale. Ce poète, en somme, ne doit pas être infiniment séparé, quant au sens religieux, des bondieusards de la tolérance universelle.

Par conséquent, son art seul, quel qu’il fût, d’ailleurs, n’était pas assez pour produire l’effet inouï, la surprise d’âme et la totale réduction du cœur que je désespère de suffisamment exprimer.

Faudrait-il supposer, alors, quelque intervention inconnue, d’ordre ineffable, quelque ancien soupir voyageur qui aurait traversé la forêt des siècles, pour expirer à la fin dans ce lieu des rimes frivoles, dans ce pénombral cerveau de chanteur qu’une Volonté sans commencement ni terme lui aurait assigné comme un tabernacle définitif ?

Je consens qu’on m’inflige les plus raffinés tourments si je crois possible une autre genèse du Noël de Maurice Bouchor.

Analyser une pareille œuvre serait imbécile. La plus amicale tentative de compte-rendu équivaudrait à l’acte bestial de lapider un de ces rayonnants tissus d’araignée champêtre, opalisés par les luminaires des cieux, qu’à l’aube adorable de certains jours on croirait les voiles en filigranes diamantés de la douce lune qui les aurait, en fuyant, suspendus à tous les balcons des bois.

Tout ce qu’on peut faire, en vérité, c’est de