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IX

Voilà donc, en toute simplicité, ce que j’ai vu dans la belle œuvre de Remy de Gourmont ; ce que ce poète, historien de la Poésie divine, m’a fait sentir, avec une puissance que je ne sais pas exprimer.

« Désormais, dit-il encore, la poésie du Christ est morte et les lamentations de Marie laissent froids les cœurs populaires aussi bien que les âmes distinguées. La poésie du Christ est morte, méprisée des oblateurs de sa Chair et de son Sang, — et j’ai peur qu’il ne s’en trouve plus d’un pour prendre en pitié, alors qu’Horace et Tibulle sont encore si peu connus, un égaré qui, au lieu de regratter ces deux pannes célèbres, exhume des reliques de Notker, d’Hildegarde ou de l’anonyme du Planctus[1]. »

Mélancoliquement, il nomme Verlaine aussitôt après et ferme son livre sans aucun délai par ces simples mots : Sacrum Silentium, qui sont l’épitaphe du Moyen Âge.

Verlaine, hélas ! J’ai dit, ailleurs, le mépris sans bornes des catholiques pour ce poète inouï, l’unique Poète chrétien qu’on ait vu depuis cinq ou six cents ans.

  1. Latin mystique, chap. xix.